23 Octobre 2010
C'est dimanche, jour du poème d'Hippolyte. Sixième sonnet des "génies familiers de la maison", après le Frigidaire, la cuisinière, la tarte à l'oignon, le piano, et la christophine, un autre légume des assiettes martiniquaises : l'aubergine melongène...
Paresseuse, tu dors à l'abri du feuillage,
Gourmande au ventre lourd qui s'étale indécent ;
Violette parfois ainsi qu'un coup de sang,
Ou blanche et rebondie ainsi que femme sage.
Foin de la passion, foin du libertinage,
A toi le doux sommeil et les sucs nourrissants ;
Le temps meurt où jadis ton coeur adolescent,
Morose, avait rêvé de troubles cousinages !
Et pourtant, le même gène obscur t'unira,
Aubergine la doulce au sombre Datura,
Étrangers l'un à l'autre et pourtant solanées ;
Ainsi les Borgia (ô Lucrèce, ô César)
Toi fidèle, toi simple et douce, aimant les arts,
Toi, suant le venin des âmes condamnées...