Idées, projets, vision... pour faire bouger le pays, les gens et les marques en Martinique et ailleurs...

Laisse-moi te dire

Quand on déconstruit les idées reçues sur la vie chère en Martinique

Dans le débat sur la vie chère en Martinique, des acteurs économiques locaux sont accusés à tort de tous les maux ; ils sont pris systématiquement pour cible, y compris par une certaine presse nationale avide de sensationalisme. Le groupe GBH, notamment se retrouve au coeur d'une tourmente inédite de bashing savamment entretenues par la démagogie ambiante. Mais qu’en est-il réellement ? Voici une analyse factuelle des principales contre-vérités souvent relayées. Elle est réalisée à partir d’un document sourcé du think tank “Passion Martinique” dont voici un résumé à grands traits :

1. Pas de situation de monopole ni d’oligopole

Contrairement à une croyance répandue, le marché de la grande distribution en Martinique est composé de 7 acteurs principaux (contre 9 en hexagone) et de 850 supérettes indépendantes. Les parts de marché sont équilibrées, et aucune barrière d’entrée significative n’empêche l’émergence de nouveaux acteurs.

2. Les marges ne sont pas abusives

Les marges des distributeurs alimentaires en Martinique (24 %) sont proches de celles observées en France hexagonale (22,9 %). Ces petites différences s'expliquent notamment par les coûts supplémentaires liés à l’éloignement, au stockage accru et à l’octroi de mer. Quant aux bénéfices nets de ces enseignes locales, ils oscillent entre… 1 et 2%.

3. Le coût du transport : une véritable épine

Le transport maritime et portuaire représente une part majeure des coûts d’approvisionnement des marchandises (jusqu’à 37% du prix final). Par ailleurs, le coût moyen du transport routier par kilomètre est ici dix fois supérieur à celui observé en France hexagonale.

4. L’engagement financier de l’État

L’État français soutient massivement la Martinique avec un engagement budgétaire et fiscal équivalent à 21.400 euros par habitant chaque année, couvrant les dépenses publiques et les investissements. Ce montant est équivalent à… 100% du PIB Martiniquais. Autrement dit, si la Martinique devait accéder à l’indépendance, elle devrait doubler son PIB pour maintenir son niveau de vie actuel.

Engagement total de la France en Martinique : 7,5 Milliards d'€.

  • Dépenses budgétaires : 6,8 Milliards d'€ (Etat 2,8 Milliards d'€, Sécurité Sociale 3 Milliards d'€, Dotation financement des collectivités 1 Milliard d'€)
  • Abattement fiscal : 700 Millions d'€.
5. Des limites du pouvoir local

Malgré des moyens financiers significatifs, les collectivités locales peinent à mobiliser leurs ressources pour un développement économique durable. Une part importante des budgets est absorbée par le fonctionnement. Leurs capacités d’investissement ne cessent de reculer, affaiblissant le rôle de développement économique qui leur incombe normalement. L’octroi de mer représente à lui-seul une charge annuelle de… 949 € par habitant.

6. Une économie diverse

Contrairement aux clichés, les Martiniquais békés représentent seulement 11 % de l’économie locale et sont absents de nombreux secteurs clés comme la banque, les télécommunications ou les travaux publics.

7. Une répartition foncière équilibrée

L’État et les collectivités locales sont les principaux propriétaires terriens en Martinique. Les exploitations agricoles des békés représentent seulement 3,5 % du territoire insulaire. Elles couvrent 17,3% de la Surface Agricole Utile, et non 52% comme cela est souvent avancé à tort.

8. L’héritage de l’esclavage : une réalité complexe

Les indemnités versées après l’abolition de l’esclavage ont principalement bénéficié aux créanciers métropolitains de la façade maritime (Nantes, Bordeaux, La Rochelle…). Une partie de ces indemnités a été versée à des propriétaires békés, mais aussi à des propriétaires de couleur. Seuls 7,5 % des familles békées ayant perçu ces indemnisations, existent encore aujourd’hui.

Ce n’est pas en répétant mille fois un mensonge qu’on en fera une vérité. Les discours populistes qui stigmatisent les acteurs économiques locaux masquent la réalité d’un système complexe, marqué par des contraintes structurelles. Peut-on croire sérieusement qu'ils servent autre chose que la déstabilisation du pays, voire un projet séparatiste ? Une analyse éclairée et apaisée est essentielle pour identifier les vrais leviers de développement en Martinique.

Partager cet article
Repost1
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article