Idées, projets, vision... pour faire bouger le pays, les gens et les marques en Martinique et ailleurs...

Laisse-moi te dire

Enquête ou manipulation médiatique ?

L'article de Libération du 9 janvier 2025 sur le Groupe Bernard Hayot (GBH), présenté comme une enquête édifiée sur les maux économiques des Antilles, prend part à un choix éditorial mercantile qui n’a pas grand-chose à voir avec un vrai travail d’information. Il s’agit de profiter d’une excitation sociale pour vendre du journal !

Ce long article constitue une accumulation de contre-vérités et de raccourcis outranciers qui, sous couvert de transparence, cherche à stigmatiser une entreprise, une communauté et, plus largement, la population martiniquaise. En choisissant une approche sensationnaliste et biaisée, ce papier de Libération fait fi de l'objectivité et du devoir d'analyse auquel il aurait dû s'astreindre.

Une stigmatisation injustifiée

Libération prétend dénoncer un « système opaque » et des pratiques anticoncurrentielles attribuées à GBH. Les affirmations avancées reposent sur des témoignages anonymes et des documents internes dont l’authenticité reste invérifiable. Le Groupe Bernard Hayot a toujours affirmé que ses marges dans la grande distribution sont comparables à celles pratiquées en Hexagone. Ce point a toujours été formellement confirmé par les autorités incontestables de la concurrence.

Par ailleurs, l’article dénonce les taux de marge liés à l’activité d’importation automobile aux Antilles (entre 18% et 28%). En comparant ces taux à ceux pratiqués dans l’hexagone, il compare des cocos et des abricots, deux choses incomparables. Il oublie de dire que le métier d’importateur n’a strictement rien à voir avec le métier d’agent concessionnaire. Si le journaliste connaît la solution économique pour importer, financer, assurer et gérer plusieurs mois de stock de véhicules, pour gardienner des centaines de voitures dans des parkings d’attente, pour déployer et animer des campagnes lourdes de communication, bref pour pratiquer un métier que ne pratique aucun agent concessionnaire en France hexagonale… s’il connaît donc la solution pour faire tout ça en pratiquant des marges inférieures à 25%, qu’il nous la donne. Ou alors qu’il change de métier et vienne faire le job ici ! Cette simple impasse de la vérité repose soit sur une volonté de tromper, soit sur de l’incompétence. Dans les deux cas, c’est grave.

En mêlée, l'article choisit d'évoquer la communauté békée en des termes qui alimentent les clivages sociaux et ravivent des tensions identitaires inutiles. Une telle approche éditoriale, loin de contribuer à l’apaisement des débats, instrumentalise la douleur et les frustrations d’une partie de la population.

La démagogie populiste

Plutôt que d’analyser les véritables causes structurelles de la vie chère dans les territoires d’outre-mer, Libération s’est engagé dans une croisade populiste contre un acteur économique majeur. Car en vérité, les difficultés économiques aux Antilles trouvent leurs racines dans l'insularité, les coûts d’acheminement et des décennies de politiques publiques insuffisantes, bien avant que GBH n'occupe une place centrale dans l'économie locale. Mais cette analyse de raison a un grand défaut : elle ne fait pas le buzz ! Pointer du doigt un seul groupe en suggérant des amalgames douteux revient à ignorer la complexité de la situation.

Il est irresponsable de prétendre que le problème de la vie chère se limite à des marges commerciales supposées excessives. Le groupe GBH rappelle que ses pratiques s’inscrivent dans le cadre légal et qu’il fait l’objet de contrôles réguliers des autorités de la concurrence. En outre, contrairement à ce que laisse entendre l'article, GBH ne bénéficie d’aucune position de monopole. La présence de nombreux concurrents, tant dans le secteur automobile que dans la grande distribution, en est une preuve manifeste. Il est très étonnant que ces faits incontestables se soient effacés au profit d’un discours purement orienté.

Une attaque contre le tissu économique local

La contribution de GBH à l’économie martiniquaise est incontestable : des milliers d’emplois créés, des investissements réguliers et un réel engagement pour répondre aux besoins des consommateurs ultramarins. Le mettre au pilori, comme le fait Libération, jette le discrédit sur l'ensemble des acteurs économiques locaux. Cela revient à fragiliser la confiance des investisseurs et à nuire au développement économique de la région. La presse doit être consciente que le principe concurrentiel de l’économie de marché génère naturellement des luttes d’intérêt. Qu’elle se laisse aussi facilement instrumentaliser pour participer à ces luttes et ces conflits (parfois personnels) est très étonnant.

Rétablir la vérité

La Martinique n’a pas besoin de boucs émissaires, mais d’une réflexion sereine et constructive pour résoudre les problèmes structurels auxquels elle est confrontée. L'article de Libération, en cédant à la caricature et à la stigmatisation, participe à une désinformation nuisible pour tous les Antillais considérés comme incapables de réflexion ou de simple analyse.

Partager cet article
Repost1
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article