Idées, projets, vision... pour faire bouger le pays, les gens et les marques en Martinique et ailleurs...
23 Octobre 2018
La Martinique perd ses habitants et ses forces vives. Elle s’enfonce dans une spirale dépressive inédite. Son économie s’endort faute d’investissements publics…
Bien que son attractivité n’ait jamais été aussi faible, notre île doit subir les derniers coups de canif de la loi de finance 2019 : réforme de l’abattement fiscal, suppression de la TVA non perçue récupérable, menaces sur les dispositifs d’aide à l’amélioration de l’habitat, taxes sur le rhum, taxes sur le cinéma, taxes de séjour sur l’hôtellerie… un chapelet d’annonces qui ressemble bien à un coup de grâce !
Alors qu’elle a besoin d’un choc d’attractivité pour endiguer son effondrement démographique et réveiller son économie, c’est un uppercut fiscal qui lui est proposé. Quel drôle de message, quel signal déprimant, quelle funeste rafale de mitraillette…
Par ces simples annonces, l’attractivité de la Martinique a encore reculé dans les tréfonds, démobilisant les derniers fous qui s’apprêtaient à y remettre un peu d’énergie !
Non, la Martinique n’a pas à avoir honte de défendre ses dispositifs d’aides spécifiques. Ils ne servent qu’à compenser partiellement ses handicaps structurels. Contrairement aux idées reçues, nous ne sommes pas les « enfants gâtés de la République ». Notre île n’est pas plus aidée que les autres territoires de France. Bien au contraire. Selon une étude DME publiée en 2010, les dépenses publiques par habitant sont en Martinique inférieures de plus de 25% par rapport à la moyenne nationale !!!
Donc, plutôt que de rogner des os déjà bien maigres, Bercy ferait mieux d’investir dans le rétablissement de l’attractivité des Outre-mer.
Ce qu’il nous faut en effet, c’est un choc d’attractivité qui pourrait s’appuyer sur deux mesures fortes : la mise en place d’une zone franche globale renforcée, assortie d’un Plan Exceptionnel d’Investissement dans le but prioritaire de remettre notre système d’eau et d’assainissement aux normes, de conforter nos bâtiments publics, et de disposer d’un équipement emblématique de notre stratégie territoriale : faire de la Martinique la capitale mondiale du rhum, en érigeant une cité du rhum, à l’image de la cité du vin de Bordeaux.
En 2002, la Corse a su mettre en œuvre un tel PEI, avec un plan de 2 milliards d’Euros sur 15 ans. Il a permis à l’île de Beauté de rattraper son retard infrastructurel, et de donner à ses habitants de vraies perspectives. Mais il est vrai que ce plan a pu voir le jour grâce à la volonté conjointe et clairement affichée des socio-professionnels de l’île, des élus locaux et de l’Etat.
Relancer la Martinique par un choc d’attractivité, oui. L’enfoncer par un uppercut fiscal, non… Mais jusqu’où devrons-nous descendre pour agir ?