29 Janvier 2025
La Martinique mérite mieux. Elle mérite un débat public digne, structuré, et surtout respectueux. Or, ce que nous venons de lire sous la plume de Fernand Odonnat (voir ici) dépasse de loin les limites de l’acceptable. Que l’on débatte des politiques économiques, que l’on conteste les positions de Contact-Entreprises, pourquoi pas. Mais insulter Jean-Yves Bonnaire en le traitant de "nègre de maison", c’est se discréditer soi-même tout en foulant au pied les principes élémentaires du débat démocratique.
Une telle sortie de route n’est pas anodine. Elle trahit une posture politique qui préfère l’invective à la réflexion, la stigmatisation à l’argumentation. Pourtant, dans le courrier que Jean-Yves Bonnaire a adressé à Serge Letchimy (voir ici), les questions soulevées sont respectueuses et légitimes : quelle est la responsabilité réelle de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) dans la maîtrise des prix ? Quels sont les leviers concrets pour agir sur l’économie locale ? En réponse, au lieu de nourrir le débat par des idées et des propositions, Fernand Odonnat opte pour la caricature et la provocation.
Le plus consternant est l’irresponsabilité politique que cela révèle. En s’en prenant frontalement au monde économique, en le présentant comme un adversaire plutôt que comme un partenaire, l’élu acte une rupture préjudiciable entre la CTM et le monde des entreprises, dont Contact-Entreprises est un digne représentant (pas moins de 300 entreprises adhérantes réunissant plusieurs milliers d’emplois martiniquais). À l’heure où le pays a besoin d’unité et de solutions concertées pour affronter la crise, ce choix du conflit est désastreux.
Enfin, il y a l’outrance, ce poison qui gangrène le débat public. Car en usant d’une insulte raciale, Fernand Odonnat n’attaque pas seulement un homme, il participe à l’abaissement du dialogue politique. Faut-il rappeler que le combat pour la dignité des Martiniquais ne peut pas se résumer à des invectives ? Que l’histoire nous a déjà trop appris sur la nécessité de dépasser ce genre de rhétorique ?
Fernand Odonnat a manqué une occasion de répondre par les faits, par la nuance et par la hauteur de vue. Il s’est au contraire enfermé dans une posture stérile, disqualifiant son propos et, par la même occasion, sa propre crédibilité. Il appartient désormais à ceux qui défendent une Martinique apaisée et tournée vers l’avenir de reprendre le fil du dialogue, loin de ces dérives.