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Laisse-moi te dire

Quand Saint-Luce doit retrouver le chemin de l'apaisement...

Quand Saint-Luce doit retrouver le chemin de l'apaisement...

Quand j’étais enfant, je me baignais parfois à Sainte-Luce du côté de l’Anse Corps de Garde. A l’époque la plage existait et offrait un libre passage aux promeneurs. La mer était reculée de plus de 30 mètres et toutes les maisons étaient à bonne distance du rivage. Il n’y avait pas de problème.

40 ans plus tard, la mer a effacé la plage. Elle a submergé la bande des 3 mètres qui la séparait des habitations. Elle rogne aujourd’hui les jardins des maisons. Et rien n’indique que l’érosion s’arrêtera là. Sous l’effet du réchauffement climatique, les océans continuent de monter et de grignoter les côtes.

Les 50 pas d’hier ne sont plus les 50 pas d’aujourd’hui. Et là, il y a un problème.

Dimanche 5 mai 2019, des manifestants convaincus de leur bon droit ont décidé de libérer le passage que la nature a progressivement condamné. Ils ont détruit les installations d’une quinzaine de maisons. Ils ont traversé les propriétés en démolissant les clôtures et tout ce qui entravait leur marche.

Depuis cette date, les autorités publiques se sont emparées du dossier pour l’instruire selon les règles de droit.

Ces autorités reconnaissent que les villas du littoral disposent de titres de propriété en bonne et due forme. Elles reconnaissent aussi que, du fait de la montée des eaux, la côte a reculé d’environ 35 mètres en 50 ans, et que, « la mer ne respectant plus la loi », l’accès légal à la plage n’est plus possible. Pour rétablir une servitude, il faut donc s’entendre avec les propriétaires en respectant bien sûr leurs droits légitimes.

Alors que les démarches sont en cours, des coups de force et des actes d’intimidation se poursuivent sur les lieux d’habitation. Ces actes ont pour objectif de terroriser les habitants en les désignant à la vindicte des réseaux sociaux. Cette forme de violence est d’autant plus insupportable qu’elle vient polluer les discussions en cours. Elle crée inutilement des tensions, de la peur, de la haine…

Depuis dimanche 26 mai, on voit circuler dans les médias une vidéo choquante montrant un individu se ruer sur un propriétaire pour le rouer de coups. Une vidéo toute aussi choquante que les nombreux commentaires qui l’accompagnent.

Que nous est-il arrivé pour que la violence trouve chez nous autant d’échos et de « circonstances atténuantes » ? Les sentiments d’injustice qui traversent les uns et les autres ne devraient jamais justifier une telle violence, ni physique, ni verbale. Car jamais la violence n’a été une force ! Bien au contraire.

Plus que jamais, notre monde moderne radicalise les points de vue et gomme les nuances qui sont nécessaires dans une société adulte. Sous l'influence notamment des réseaux sociaux, ce monde caricature les émotions et fabrique des ennemis…

Car en fait, dans ce dossier de Sainte-Luce, il n’y a pas d’ennemis. Il n’y a pas de méchants propriétaires, animés de mauvaises intentions. Non. Il y a une situation complexe à régler du fait de la montée des eaux et du changement de la législation en 2010. C’est tout.

Alors rangeons les gants de boxe, et laissons les discussions avancer.

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Y
Bonne analyse ouvrons les yeux et notre cœur. l'individu est noyé dans la surpopulation, la mondialisation et a peur pour sa petite personne menacée par des phénomènes qui le dépasse.<br /> Où trouver la ^place pour la sérénité absolument nécessaire pour affronter DEMAIN
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