Rédigé par Emmanuel de Reynal et publié depuis
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Par les temps troublés que traversent la France et ses territoires, il est sans doute utile de revenir sur le mécanisme de la subversion, tel que le professeur Roger MUCCHIELLI l’analysait déjà en 1976.
Selon lui, la subversion est l’ensemble des moyens psychologiques ayant pour but le discrédit et la chute du pouvoir établi, du régime ou du système social (…) C’est une technique d’affaiblissement du pouvoir et de démoralisation des citoyens fondée sur la connaissance des lois de la psychologie et de la psychosociologie ; elle agit sur l’opinion par des moyens subtils et convergents.
Les grands principes de la subversion :
Se présenter comme le champion d’une cause juste (la vie chère, par exemple) correspondant aux besoins aigus d’une classe ou d’une époque.
Attaquer violemment, critiquer, injurier, menacer l’ordre établi et ses représentants collectivement et/ou individuellement, ce qui répand la certitude de la pourriture des autorités et les disqualifie dans leurs fonctions.
Démontrer que les violences précédentes se font impunément, ce qui répand la conviction de l’impuissance de l’Etat et suggère la licéité des violences.
Quelques techniques de base :
Créer un signe fort de ralliement : le T-shirt rouge de 2009, la cagoule des grands frères de Guyane, le gilet jaune de 2018, etc.
Partir d’une revendication simple et consensuelle (le prix du carburant, par exemple), et laisser s’agréger tous les mécontentements, au point que les demandes deviennent quasi impossibles à satisfaire.
Utiliser tous les moyens pour décrédibiliser le pouvoir. Par exemple exiger que les négociations se déroulent en direct d’un plateau TV dans le but d’humilier publiquement les interlocuteurs. On se souvient tous des débuts télévisés du conflit de 2009 qui ont fait émerger Elie DOMOTA. On comprend que les Réunionnais veuillent faire de même avec la Ministre GIRARDIN en l’invitant à négocier devant les cameras.
Sur mobiliser les mass-médias, occuper les plateaux, installer une voix dominante et agir pour qu’elle devienne de plus en plus unique.
Progressivement, jeter le discrédit sur toutes les élites (élus, représentants de l’Etat, corps intermédiaires, entreprises…) et en faire les bouc-émissaires de tous les malheurs de la vie.
Par la violences des propos, par leur outrance, installer une « peur muette » en rendant tout point de vue divergeant illégitime. Créer une « majorité silencieuse », réduire au silence toutes les voix opposées, et les décourager de s’exprimer.
Ces techniques relèvent-elles des phantasmes d’un esprit complotiste ou d’une géniale analyse d’un professeur de psychologie de la Sorbonne ?
Quoiqu’il en soit, même si on souhaite y mettre de la distance, la lecture de l’ouvrage « La Subversion » intéressera celles et ceux qui ont vécu 2009 en Guadeloupe et en Martinique. Elle devrait intéresser aussi celles et ceux qui suivent de près le mouvement des gilets jaunes, notamment à la Réunion.