Idées, projets, vision... pour faire bouger le pays, les gens et les marques en Martinique et ailleurs...
21 Mars 2011
IDMartinique est le rendez-vous de tous ceux qui veulent contribuer, par leurs idées positives, au développement de notre île. Après Anne-Emmanuelle ZAMEO et ses petits-déjeuners créoles, Hector ELISABETH sur le tourisme culturel et Richard ROSEMAIN sur le thermalisme, voici une quatrième contribution de Roger de JAHAM, Président de l’Association « Tous Créoles ! », qui ambitionne de modifier le dictionnaire français…
Et si on modifiait la définition du mot « créole » dans les dictionnaires français ?
Les territoires créoles sont devenus, en un temps remarquablement bref à l’échelle de l’humanité, un quasi résumé anthropologique de la Planète. Les racines de leurs populations, profondes et issues de plusieurs continents, se tissent et s’enrichissent à l’infini. Nous sommes chacune et chacun une part de cette mosaïque humaine, que nous n’avons su qualifier autrement que par l’exclamation « Tous Créoles ! ». On est créole de peau, créole de culture, créole d’adoption, fruit d’une histoire qui n’est pas plus gaie ni plus triste qu’ailleurs, mais fruit de pays qui ont été, par la grâce de la nature, les hasards de la vie et les tumultes implacables de l’Histoire, de singulières machines à rassembler les diversités, tout en laissant la place aux nuances.
Nos populations présentent au XXI° siècle un patchwork d’hommes et de femmes dont le chromatisme des épidermes explose en une variété de teintes pâles ou foncées. Chez nous brille une multitude de regards aux tons clairs ou sombres et la lumière irise des cheveux lisses ou crépus.
Le Créole n’est pas une race. De ce fait, nous avons toujours été interpelés par la définition du terme «créole» donnée généralement dans les dictionnaires faisant actuellement autorité : «personne de race blanche née dans les régions intertropicales» ! Ce qui ne correspond plus à aucune réalité, dans la mesure où ce mot a connu – et continue de connaître - un glissement sémantique considérable. En effet, il y a fort longtemps que «cuisine créole», «maison créole», «musique créole», «chien créole» ou « ittérature créole» ne désignent plus la cuisine, l’habitation, la musique, l’animal de compagnie ou encore les œuvres de «personnes de race blanche nées dans les régions intertropicales».
Tous les Antillais (et avec eux les Saint-Luciens, les Mauriciens, les Réunionnais, certains Malgaches, les Guyanais…) se revendiquant d’une culture créole, apprécient la cuisine et la littérature créoles, pratiquent les danses créoles, se reposent dans leurs villas de style créole, caressent leur chien créole, parlent entre eux leur créole.
De fait, la créolité rompt avec une structuration identitaire figée ; c’est un processus constant, à partir duquel se fondent son originalité et la force de sa modernité. Car chercher à geler nos identités serait une entreprise illusoire, tout autant que prendre nos pays pour en faire des enclos, à l’heure où le monde devient un village trans et inter connecté. La créolité est une novation qui préfigure certainement l’individu de demain. C’est là, pour notre époque, un avantage certain. Et c’est cela, notre conception du terme "créole". Le Créole n’est assurément pas une race !
D’ailleurs avant 1848, dans tous les textes (Père Labat, Victor Schœlcher, etc.), on parlait de “Blancs créoles” et de “Noirs créoles” ; et lorsque les contingents d’Antillais partirent pour le front durant la première Guerre mondiale, on les désignait, toutes ethnies confondues, comme des Créoles.
Aussi, notre association « Tous Créoles ! » ambitionne aujourd’hui de contribuer à faire évoluer dans un proche avenir la définition du terme « créole », afin de la rendre conforme aux réalités du XXI° siècle. Dans ce but, nous proposons la création d’un Comité « Réflexion créole » qui réunirait des personnalités issues du Monde créole, c’est-à-dire aussi bien de la Caraïbe et de l’Océan indien, que de l’Europe ou d’Amérique du nord.
Les premiers noms qui nous sont venus à l’esprit et que nous entendons solliciter sont ceux de Françoise Vergès, Pascal Saffache, Jacky Dahomey, Gerry l’Étang, Édouard de Lépine, Jean Bernabé, Lambert-Félix Prudent, André Lucrèce, JMG Le Clézio, Ernest Pépin, Frédéric Mitterrand, Aude-Emmanuelle Hoareau, Marie-Reine de Jaham, Patrick Chamoiseau, Margaret Tanger, Lydie Condapanaiken-Duriez (…) Bien entendu, cette première sélection a pour vocation évidente à s’élargir à d’autres personnalités.
Ce projet vient d’être inscrit au programme officiel du Commissariat pour «2011, L’ANNÉE DES OUTRE-MER FRANÇAIS» par Monsieur Daniel MAXIMIN ; ce dont nous nous réjouissons, car il bénéficiera ainsi des moyens de publicité et de communication mis en œuvre par le Commissariat, en particulier au travers de son site web.
Une IDMartinique de Roger de JAHAM, parrainée par Contact-Entreprises.
L’Association Contact-Entreprises parraine le programme IDMartinique initié par l’AACC Outre-mer, et invite toutes les bonnes volontés à y participer : en vous inscrivant sur le fil Twitter IDMartinique et en prenant à votre compte une idée commençant par « Et si… », en la développant sur une page A4 dactylographiée, et en nous l’envoyant à info@contact-entreprises.com ou idmartinique@laissemoitedire.com.