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Laisse-moi te dire

Quand la France devrait se doter d'un grand ministère du tourisme...

Quand la France devrait se doter d'un grand ministère du tourisme...

C'est par une lettre ouverte que Karine ROY-CAMILLE, ancienne présidente du CMT, suggère au Président de la République de doter la France d'un ministère du tourisme. Une idée de bon sens, à laquelle on ne peut qu'adhérer... 

Voici son texte :

Monsieur le Président,

A l’heure où vous envisagez des ajustements afin de déployer les annonces du discours de politique générale, j’ai l’audace de croire que vous avez pris toute la mesure du formidable potentiel et des enjeux du Tourisme dans le développement de notre pays.

Nous nous hissons à la 1ère place mondiale des destinations en matière de fréquentation touristique, avec 89,4 millions de visiteurs en 2018. Ce résultat, dont nous pouvons tirer une grande fierté, est le fruit de l’attractivité historique et patrimoniale de la France. Plus grande encore serait notre fierté de voir nos visiteurs séjourner plus longuement. Des séjours prolongés nous garantiraient des emplois supplémentaires et des revenus additionnels. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d’occuper la 3ème place en matière de retombées économiques avec 55,5 milliards de recettes. Cette performance peut s’améliorer !

Dès lors, se pose la question de savoir comment contribuer à maintenir notre position de leader tout en augmentant nos recettes ? Pour l’heure, aucune réponse optimale n’a été trouvée tant il y a de faisceaux d’interrogations qui non seulement ne convergent pas, mais affaiblissent et déstructurent le constat, l’analyse et par conséquent l’action. Si votre bras armé touristique, Atout France, est bien souvent force de propositions, il ne peut pas -à lui seul- tout régler.

Monsieur le Président, reconnaître l’importance du Tourisme, c’est admettre que nous avons encore bon nombre de progrès à accomplir au bénéfice du pays. Le progrès organisationnel serait de lui accorder - ce qui a été le cas à de rares exceptions - un ministère de plein exercice et non une « mise sous tutelle ». Ce ministère s’impose, à l’évidence, fort et plus autonome car l’industrie touristique est la plus fragile d’entre toutes. En effet, elle subit de plein fouet tous les aléas : climatiques, politiques, concurrentiels, sociaux.

Le progrès sociétal serait de nous placer - peuple français - au cœur du projet. En effet, comment ne pas être interpelé par la perception qu’ont les visiteurs de nous, jugés comme étant parmi les moins accueillants, alors même que notre pays est considéré comme l’un des plus beaux au monde ? Dès lors, comment harmoniser nos richesses naturelles, culturelles et les Français que nous sommes ?

Je réfute toute forme de fatalisme et prône le progrès par l’éducation et la connaissance. Des cours d’éducation touristique aux scolaires et des campagnes de sensibilisation au grand public permettraient, notamment, à tout un chacun, de devenir acteur, ambassadeur, de l’une des rares industries pouvant générer autant d’emplois. Étant originaire d’un territoire où service et servitude ont longtemps été confondus, je sais à quel point la pédagogie, l’écoute et l’attention sont primordiales pour commuer nos résistances en résilience. N’oublions pas que, contrairement à d’autres destinations où le séjour se vit en autarcie, en un seul et même lieu, la France et toutes ses composantes, se vivent, s’arpentent, se dévoilent et se découvrent aux contacts des français. Nous revenons donc bien à l’humain. Il est au cœur de notre réussite.

Le progrès idéologique serait de ne plus concevoir que seuls les grands groupes, les palaces, les étoiles, le luxe, etc. font notre Tourisme. S’ils sont des paramètres d’une importance majeure, ils représentent une partie seulement de tout ce que la France a à offrir. Des centaines de milliers d’entreprises touristiques, de petits acteurs, œuvrent souvent dans l’ombre, alors même que ce sont des pépites et qu’ils font tout autant scintiller la France. Ils méritent toute notre attention.

Et que dire de l’Outre-Mer où la réglementation et les normes faisant sens dans l’Hexagone, ne sont souvent pas applicables ? Une prise en compte des spécificités, non pas pour de l’assistanat mais pour une vraie responsabilisation participerait à son envolée.

Monsieur le Président, bien que nous ne partions pas d’une feuille blanche, il y a tant à réécrire, tant d’attentes et d’espoirs à satisfaire pour accomplir les progrès cités et tous ceux non énumérés. Le moment est venu de donner au Tourisme les véritables moyens de s’épanouir et de générer les recettes qu’il est assurément en capacité de produire. Savoir traiter le problème à la racine, se remettre en question, faire preuve de bon sens, sont des qualités essentielles qui permettront de créer les conditions pour atteindre la croissance financière. Je suis de celles qui s’engagent dans une démarche de progrès et croient farouchement en notre capacité de rebond.

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes plus respectueuses salutations.

Karine ROY-CAMILLE NICOLAS-ETIENNE

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