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11 Avril 2019
Depuis cinq mois, il est impossible pour des milliers de martiniquais de circuler librement dans le centre de l’île. Depuis cinq mois, les étudiants de Fort-de-France et de Schoelcher vivent un véritable calvaire. Depuis cinq mois, des dizaines d’entreprises meurent chaque semaine, asphyxiées par l’embolie du réseau Mozaïk. Depuis cinq mois, la vie quotidienne est une épreuve insurmontable pour les habitants de la zone CACEM !
Depuis cinq mois la Martinique démontre son incapacité à gérer ses transports publics !
Tout a commencé en novembre 2018 quand les salariés de la Sotravom ont fait valoir leur droit de retrait, estimant que les bus qu’ils conduisaient étaient dangereux pour eux et pour les usagers. Un retrait collectif qui est en réalité au mieux une grève déguisée, au pire un sabotage organisé du transport public martiniquais. Depuis cette date, les retraits succèdent aux arrêts, qui succèdent aux appels à la grève générale et aux coups de mentons. Plus personne n’y comprend rien. Ce qui est sûr c’est que ça ne roule plus !
Qui saurait décrypter clairement ce conflit pour en extraire les seules raisons sociales qui le motivent ? Qui sauraient nous expliquer pourquoi des milliers de Martiniquais sont condamnés à souffrir de la privation de leur droit fondamental de circuler librement ? Qui saurait nous dire pourquoi ils doivent subir chaque jour la menace permanente d’une grève générale qui « les fera souffert » ?
Il est étonnant de constater que l’inertie des autorités publiques pour remettre les bus en marche soit à la hauteur de l’exaspération populaire. Cette situation déshonore la Martinique entière !
Car cette crise est révélatrice du mal profond qui ronge notre pays : la poussée des égoïsmes qui réduit à néant le sens du bien commun. Ce que Errol NUISSIER qualifie de « fanchouisme », cette capacité que nous avons à démolir consciencieusement les initiatives des autres dès lors qu’elles mettent un peu d’ombre sur nos intérêts personnels.
Derrière ce conflit il n’y a en effet que des égos : celui d’un chef syndical qui est prêt à punir tout un peuple pour retrouver un peu de légitimité personnelle. Celui de salariés grévistes qui ne savent plus mettre en balance leurs droits individuels et leurs devoirs d’agents publics, celui de nos élus qui ne sont motivés que par le réglage de leurs comptes politiques, et n’hésitent pas à instrumentaliser un conflit social pour y parvenir. Celui d’un patron qui semble placer son orgueil personnel au-dessus de tout…
Jamais la Martinique n’a été à ce point dominée par des logiques d’intérêts individuels. Jamais ce « moi d’abord » n’a éloigné autant ce « nous ensemble ». Or le seul enjeu qui vaille est de retrouver rapidement le sens de l’intérêt général, du projet collectif, du bien commun… quitte à s’oublier un peu soi-même.
Le TCSP a coûté une fortune à la collectivité (près de 500 millions d’euros), et il est à l’arrêt parce qu’une poignée d’individus l’a décidé. Malgré des équipements importants, malgré une organisation politique dédiée, malgré des besoins avérés, le transport collectif ne fonctionne pas en Martinique.
C’est une honte de voir notre incapacité martiniquaise ainsi mise à nu !
Pourtant, il suffirait que chacun de nous décide individuellement d’agir un peu pour tous, pour que la Martinique retrouve le chemin du succès.
Alors Messieurs, chiche ?