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Quand la CTM devrait se recentrer sur ses missions essentielles...

Quand la CTM devrait se recentrer sur ses missions essentielles...

La crise financière de la CTM affecte gravement le tissu économique et social de la Martinique : retards de paiement qui étranglent les entreprises, réduction drastique des dotations aux structures satellites et aux associations, dysfonctionnements des services publics qui désespèrent les populations... Et pourtant, dans le même temps, les frais de fonctionnement de la collectivité continuent de croître, posant une question fondamentale : la CTM est-elle encore en mesure d’assumer ses missions essentielles ?

Loin d’être une fatalité, cette crise doit être l’occasion d’une introspection salutaire. La CTM ne peut plus se permettre de se disperser dans des actions périphériques, souvent redondantes avec celles de l’État ou d’autres institutions. Il est impératif pour elle de se recentrer sur ses rôles fondamentaux :

  1. L’aménagement du territoire et le développement économique : La CTM a la responsabilité d’assurer la cohésion du territoire en garantissant des infrastructures viables et en soutenant un développement économique équilibré. Encourager l'entrepreneuriat, soutenir les petites et moyennes entreprises et attirer les investissements sont autant de leviers pour dynamiser l’activité locale. Pourtant, lorsque les entreprises ne sont pas payées à temps, c’est toute l’économie qui vacille.
  2. L’éducation et la formation : La CTM gère les lycées et participe à la formation professionnelle. Ces missions sont cruciales pour préparer la jeunesse martiniquaise à un avenir plus prometteur.
  3. Les transports et la mobilité : Les difficultés de transport en Martinique sont un frein majeur au développement économique et social. La collectivité doit assurer un réseau de transports en commun efficace et viable.
  4. L’action sociale et la santé : Si la CTM n’a pas la responsabilité directe des hôpitaux, elle joue un rôle clé dans la prévention et l’accompagnement des publics fragiles. Elle doit notamment soutenir les CCAS (Caisses Centrales d’Activités Sociales) en attente depuis trop longtemps de leurs subventions.

Or, au fil des années, la CTM s’est aventurée (sans doute avec de bonnes intentions) sur de nombreux terrains qui ne relèvent pas de ses compétences premières. Des dispositifs culturels et sportifs foisonnants, des missions externalisées et des agences doublons, des interventions dans des domaines relevant de l’État, comme la recherche et l’innovation, la sécurité publique ou le contrôle des prix par exemple… Tout cela conduit à une dilution des moyens et pèse gravement sur le budget de fonctionnement. Les chiffres ne mentent pas ; personne ne peut contester l’ampleur de la crise qui nous touche aujourd’hui, et qui oblige la CTM à remettre de l’ordre dans ses finances et à faire des choix. Il est temps pour elle de mieux faire ce pour quoi elle est missionnée, et d’arrêter de mal faire tout le reste.

Cette rigueur budgétaire est d’autant plus urgente que la crise actuelle ne permet plus d’entretenir des politiques inefficaces. La CTM doit revenir sur son périmètre originel. Elle doit identifier ses dépenses superflues et concentrer ses efforts sur l’essentiel. Elle doit veiller à ce que chacun – collectivités, État, entreprises - assume pleinement sa mission et fasse bien sa part du job. Car si la Martinique veut renouer avec un développement ambitieux, elle ne peut plus se permettre de diluer ses moyens.

Il ne s’agit pas d’abandonner toute ambition, mais de faire preuve de responsabilité. Se recentrer sur ses missions essentielles, c’est assurer à la population un service public plus performant et des perspectives économiques plus ouvertes. Un recentrage budgétaire n’est pas une régression. C'est une nécessité pour libérer les énergies et créer les conditions d'une coopération plus confiante entre les forces vives du pays. Ce recentrage doit aller de pair avec le "choc régalien" que les sénateurs Philippe Bas et Victorin Lurel appellent de leurs voeux afin de renforcer les moyens de l'Etat dans ses domaines de compétence : sécurité, justice, défense et coopération internationale.

Il est crucial pour la CTM de se concentrer sur ses missions premières et pour l'Etat de renforcer les siennes. La CTM doit choisir : continuer à s’éparpiller au risque du naufrage, ou retrouver le cap d’une gestion rigoureuse. Il est encore temps d’agir, mais l’urgence est là.

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