26 Février 2025
Une chronique de Thierry Lesel, agriculteur, membre du MoDem Martinique
Alors que le Salon de l'Agriculture bat son plein à Paris, la Martinique est aux abonnés absents faute de moyens financiers pour exposer. Même Mayotte, sinistrée, a tenu son rang. Pourtant l'Agriculture est l'une des priorités de la CTM (paroles, paroles). On vise l'autonomie alimentaire en Martinique (toujours des mots, encore des mots). Heureusement qu'il y a le spiritourisme, grâce à notre bon vieux Rhum. Malgré cette absence remarquée d’un stand officiel, et alors que notre banane et notre rhum ont tenté de suppléer cette absence martiniquaise, faisons le point sur les difficultés auxquelles fait face notre monde agricole. De la banane à la canne à sucre, en passant par l’élevage et les filières de diversification, les agriculteurs de l’île se heurtent à de multiples défis qui menacent la pérennité de leur activité. À l’heure où, dans certains bureaux climatisés, on rêve d’autonomie alimentaire, dressons l’état des lieux précis et voyons comment sortir de cette impasse.
Premier pilier de l’agriculture martiniquaise, la filière banane subit de plein fouet la concurrence internationale, la fluctuation des prix et les restrictions sanitaires imposées par l’Union européenne et renforcées par la France. Les producteurs doivent composer avec des normes environnementales de plus en plus strictes. Si des efforts sont réalisés en matière de production durable, ceux-ci sont loin de compenser les coûts de culture élevés. Et par-dessus les difficultés “normatives”, s’ajoute un champignon destructeur, la Cercosporiose Noire : Cette maladie ravage les plantations, entraînant une chute drastique des volumes produits. Les rendements sont en baisse depuis plusieurs années, et les perspectives ne sont guère encourageantes. Face à ce drame, les moyens de lutte sont dérisoires. La simple décision d’utiliser des drones, comme cela se fait partout dans le monde, dort encore dans les tiroirs de l’administration française.
L’industrie sucrière et rhumière repose sur un modèle fragile, dépendant des quotas et des subventions. Le vieillissement des exploitants, le manque de main-d’œuvre et la rentabilité décroissante menacent la culture de la canne. Les contraintes environnementales frappent aussi cette filière dont les solutions alternatives se révèlent bien trop coûteuses pour les agriculteurs. Par ailleurs, l’agonie de la dernière sucrerie de l’île, le Gallion, prive les producteurs d’un débouché stable, autre que les distilleries rhumières
Face à ces défis, plusieurs pistes d’action s’imposent pour préserver et renforcer l’agriculture martiniquaise :
L’agriculture martiniquaise, au-delà de son importance économique, est un enjeu fondamental pour la souveraineté alimentaire et la préservation des savoir-faire locaux. Il est urgent d’agir pour garantir sa viabilité et assurer un avenir durable aux agriculteurs et aux consommateurs de l’île.
Thierry Lesel, agriculteur, MoDem Martinique