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Laisse-moi te dire

Dressez l’oreille, Monsieur Saé...

Dressez l’oreille, Monsieur Saé...

« Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Ces paroles de Frantz Fanon toucheront peut-être votre conscience quand arriveront à vos oreilles les mots que vous venez d’écrire à propos des békés.

J’avoue qu’en lisant votre « lettre ouverte aux maîtres de la caste béké », j’ai d’abord cru à un fake. Jamais je n’aurais pensé qu’un esprit aussi éclairé que le vôtre puisse sombrer dans des amalgames et des clichés aussi grossiers. Jamais je n’aurais pensé que vous vous seriez livré à une telle charge à l’encontre d’une composante de la société Martiniquaise, sous prétexte que vous détestez certains d’entre eux, que leur comportement ne vous convient pas, ou qu’ils représentent à vos yeux un système honni. Jamais je n’aurais cru que vous manqueriez à ce point de nuance pour décider de blesser des personnes au nom d’une haine idéologique. Jamais je n’aurais imaginé que ce soit vous qui érigiez les frontières entre « yo » et « nous ». Jamais je n’aurais pensé que vous seriez celui qui allume la mèche, alors que c’est bien « kolé tèt, kolé zépol » qui doit être notre ciment à tous !

Permettez-moi de reprendre ici un extrait de mon livre Ubuntu : « Quand on affuble un groupe d’individus d’un substantif précédé de l’article défini pluriel « les », on glisse immanquablement vers la caricature. Cet article est dangereux, car il nie la réalité complexe des personnes. Il est l’antichambre de la haine construite sur des perceptions de différences. Il sert de marchepied à l’identitarisme qui restreint notre humanité : « les » noirs, « les » blancs, « les » juifs, « les » arabes, (« les » békés)... ce terrible article crée des cercles humains faciles à aimer, faciles à détester. Des blocs identitaires faciles à juger, faciles à condamner. Il crée des  regards inquisiteurs, des raccourcis incomplets, bien incapables de rendre compte de la complexité humaine. Il est clivant, pernicieux et injuste. »

Je refuse pour ma part de me laisser enfermer dans un quelconque cercle, mais quand j’entends dire du mal des autres, je dresse l’oreille.

Je serais ravi, Monsieur Saé, de pouvoir vous rencontrer et échanger sereinement avec vous sur les blessures de notre société.

Emmanuel de Reynal
 

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