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Le moment de vérité budgétaire

Le moment de vérité budgétaire

 

Une tribune de Max Orville

Il y a dans la parole de François Bayrou, lorsqu’il présente son plan pluriannuel de réduction du déficit, quelque chose de grave, de lucide, presque solennel. À juste titre : c’est à un « moment de vérité » que le Premier ministre convie les Français, en leur tenant un langage de franchise et de responsabilité trop rare dans le débat public.

Le plan « Stop à la dette ! » déployé sur quatre années vise à ramener le déficit sous les 3% d’ici 2029, en passant par une série de mesures d’économies, d’ajustements et de réformes profondes. Trois axes se dégagent :

  • Maîtrise des dépenses publiques (État, collectivités, Sécurité sociale, suppression d’agences...) ;
  • Année blanche budgétaire en 2026 : pas d’indexation des prestations ni de revalorisations salariales générales dans le public ;
  • Justice fiscale et sociale : lutte contre la fraude, rationalisation des niches, contribution accrue des plus hauts revenus.

À côté de ce freinage budgétaire, le plan « En avant la production ! » entend relancer le travail et l’activité économique : suppression de deux jours fériés, réforme de l’assurance chômage, incitations au retour à l’emploi, simplification administrative et accompagnement ciblé de l’innovation.

On peut bien sûr discuter tel ou tel détail. Mais qui peut nier la légitimité d’un cap visant à stopper l’emballement d’une dette qui représente 114 % du PIB et grossit de 5 000 € chaque seconde ? Qui peut contester que le niveau de dépense publique français ne soit pas soutenable à long terme, sans mettre en danger notre souveraineté ? Il est donc raisonnable, dans cette situation, d’appeler à un effort partagé, proportionné aux capacités de chacun.

Car oui, augmenter le volume de travail, responsabiliser les acteurs du système de santé, mieux cibler les dépenses, revoir certains avantages… tout cela n’est pas populaire. Mais cela devient vital.

Ce qui l’est moins, en revanche, c’est l’attitude irresponsable de certaines forces d’opposition qui agitent déjà la menace de la censure et jettent le discrédit sur la démarche sans même attendre le débat parlementaire. Comme souvent, la posture précède la réflexion. Plutôt que de contribuer à enrichir le plan, ces formations préfèrent dénoncer en bloc, accréditant l’idée que la politique se résume au rejet systématique.

Une fois encore, la démagogie l’emporte sur l’esprit de responsabilité. Et ce jeu dangereux ne fait que nourrir le cynisme ambiant, affaiblir la parole publique, et donner des armes à celles et ceux qui, ici ou ailleurs, se réjouissent de voir la France reculer.

François Bayrou a raison sur un point fondamental : il est encore temps, mais il est tard. La politique du « quoi qu’il en coûte » a vécu. Le retour au sérieux budgétaire est une nécessité historique. L’heure n’est plus aux fuites en avant, ni à la facilité. Elle est à l’action, au courage et à la clarté. On peut contester des arbitrages, mais il serait infiniment plus utile que les oppositions proposent des améliorations plutôt que d’attaquer le principe même de la réforme.

En d’autres temps, la France a su se redresser. Il serait souhaitable que les responsables politiques, toutes tendances confondues, se montrent à la hauteur de ce rendez-vous avec l’Histoire.

Max Orville, Président du Modem Martinique

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