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Laisse-moi te dire

Le Préfet et le cyclope, une tribune cinglante d'André Triboulet...

Le Préfet et le cyclope, une tribune cinglante d'André Triboulet...

J'ai reçu ce message dans ma boîte aux lettres, un texte finement ciselé par un Diamantinois (tout comme moi), dénommé André Triboulet. Voici ce que la lecture de mon petit livre sur les coulisses de Palépoutann lui a inspiré :

Je viens d’achever « Chronique d’un dialogue difficile », c’est le bon verbe tant le constat est atterrant. Un constat bien dans notre époque où la majorité silencieuse se voit museler par la déesse @ux milles bouches. Celle-ci faisant accroire qu’une poignée fait le fleuve.

Pour ma part, ce dialogue, je l’ai comme vous sans doute, ici, dans notre commune du Diamant. Mais aussi ailleurs dans notre îlot Atlantique.

Le reproche ontologique se mélange allègrement à la situation économique, aujourd’hui,
hier, avant-hier, dans une soupe un peu spéciale tant les arguments se millefeuillent sans vouloir s’agréger. Par anniversaire d’enfant j’ai pu côtoyer une famille sympathique devenue depuis lors activiste. Le simple bonjour visiblement n’est plus possible.

Emmanuel, il en ressort, que même si vous cultiviez quelques plantes médicinales sur les pentes arrosées et ensoleillées d’un morne un peu caché, vous seriez accusé de détournement de rimèd razzié et sorcellerie en bande organisée pour usage et vente d'Atoumo bleus et de brisées violettes mitonnées dans une marmite blanche ! Combien de légions ? Peu au premier rang, plus à regarder avec gourmandise, d’autres déjà loin, bien loin de tout çà…

Le syndrome du cyclope au service d’une croyance, vous le connaissez bien mieux que moi. Avec deux types, le cyclope des villes et le cyclope des champs. Mais pour peu que l’on s’écarte des chemins goudronnés, il reste humblement caché, une misère ordinaire, économique, sociale voire culturelle. Des laissés pour compte, le rebut d’un monde qui s’accélère, qui les éloigne de plus en plus et recrée une sous classe. Que faire ici comme en métropole puisque les causes sont sœurs ? Et si je suis le raisonnement, La France serait elle aussi une économie d’habitation…

Dans ce fatras dogmatique et épigénétique je suis surpris d’un autre mélange étonnant pour un créole d’importation : (fatras qui nous touche aussi parfois)

Beaucoup des reproches sur la situation économique s’adresse en fait à Monsieur le Préfet et à « l’évidente » collusion entre les familles et le représentant de l’Etat. Le cyclope peut apporter des arguments, de la guerre du Diamant avec l’infanterie coloniale qui ouvre le feu sur une manifestation somme toute légitime, au proviseur métro « ressenti » raciste voici plus de trente ans, au partage de la Cherry par le préfet jusqu’à un cousin qui entre à l’Élysée fier de ne pas présenter un titre de quelque nature… jusqu’au blanc d’importation favorisé pour rayer de la carte l’identité locale et insulaire par implantation antillo
cisjordanienne.

Même la prime de 330 € s’appelle CTM quant au fait, cela fait partie des 500 € alloués en moyenne par habitant par l’Europe à notre RUP pour lutter contre la pauvreté. On voit bien que l’information se déforme par des vecteurs multiples, volontaires ou involontaires, prise dans le flot incessant de l’immédiateté et de l’oubli éphéméride. Par des faits et des maladresses, et comme partout dans notre bas monde, par une cupidité cyclopique de tous les bords, tout couleur.

Je pourrais vous en écrire des pages, des pages et encore des pages à vous endormir d’épuisement sur les évidences et les contre évidences. Ce yoyo valse de 1848 à aujourd’hui, d’un exemple confus et non documenté à un fait partiel mais parfois réel. Étourdissements garantis. On dirait une réunion de famille avant et après rendez-vous chez le notaire. L’indivision et ses ravages. Mais une famille quand même, toute décatie et volcanique soit-elle.

Si malheureusement le langage est révélation et corruption partout dans notre monde, alors que faire ?

Pour vous et Marijosé, Sisyphes poussant une lourde pierre volcanique, chacun sur son versant, continuer, la parole est libératrice, je ne vous apprends rien. La patience et le temps, déjà Ubuntu a validé le fait que vous n’êtes pas simplement instruit par des éléments de langage tous droits sortis du cabinet de l’avocat du diable. Poursuivre sur ce chemin de la sincérité toute adversive soit-elle. Pas deux pierres, une pierre à deux faces avec un centre commun.

Il me semble que le débat en studio reste le temps médian nécessaire pour passer à une action plus ambitieuse. Ensuite étant un lointain enseignant, faire du décrochage scolaire la priorité des priorités pour ne pas fournir de nouvelles chairs à canon. Il est largement supérieur au métropolitain. Monsieur le Préfet, agissez pour ne pas favoriser une armée de cyclopes, le RSMA n’y suffira pas et ne comble pas tous les trous. Trouver un autre mot à insertion, pour çà Emmanuel vous, vous êtes armés… Conserver ces échanges filmés pour nourrir la recherche et surtout les présenter un jour à des collégiens pour ouvrir le débat avec l’œil jeune, même si déjà marqué, ou oublieux, mais aussi et surtout intéressés par cette action racinaire. Par cette action qui ouvre le chemin pris par Mandela, De Klerck et Desmond M’Pilo Tutu dans son pèlerinage d’effrois à travers l’Afrique du Sud. Un chemin sur lequel on ne fait plus demi-tour sans cesse, conscient de toutes les évidences passées pour une appétence au futur, éclairée par les fossiles et le courbaril qui grandit…

Voilà, je voulais vous témoigner mon soutien et mon humble témoignage après la lecture de votre chronique, également à Marijosé, fenm doubout, mon respect et ma forte admiration ; de voir ainsi vos courages associés.

Vous dire que la sincérité et non la ruse transplantera un deuxième voire un troisième œil au cyclope tourmenté par ses chagrins padiracs.

Une belle journée à vous Marijosé, et à vous Emmanuel.

André Triboulet

 

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