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La suppression de la publicité sur RFO TV est une grave erreur.
L'arrêt programmé de la publicité sur les chaînes de RFO TV aura des répercutions graves sur l'économie de l'outre-mer, qui, plus que jamais, doit renforcer les outils de son développement endogène.
Les entreprises des départements d’outre-mer accèdent à leurs consommateurs grâce à la télévision. Aujourd'hui, les audiences cumulées de RFO TV et de la principale chaîne privée - seules chaînes ouvertes à la publicité locales - permettent de toucher la moitié de la population. Cette couverture, bien qu'importante, est beaucoup plus faible qu'en France métropolitaine où la grande majorité de la population est et continuera d'être exposée à la publicité télévisuelle. Si suppression de la publicité il doit y avoir sur RFO, elle ne doit se faire qu’à partir du moment où de nouveaux espaces publicitaires sont accessibles aux marques locales, et dans des proportions d'environ 60% de l'audience télévisuelle. Mais en aucun cas, cette suppression, qui ne présente aucun caractère d’urgence, ne doit intervenir avant la mise en place d'une nouvelle offre d’espaces publicitaires (ouverture des chaines du Câble et du Satellite à la publicité locale, par exemple)
Les producteurs locaux, et en premier lieu les industriels, qui produisent, emploient, et vendent dans nos territoires, doivent impérativement rester en contact avec leurs marchés. RFO constitue, par ses écrans publicitaires, un vecteur puissant d’exposition des biens et services locaux face aux marques nationales, largement diffusées sur les chaînes des bouquets satellite. Toute évolution doit veiller à ne pas aggraver la situation et développer une concurrence déloyale.
Comme c’est le cas au niveau national, tout éditeur public et privé dans nos territoires doit répondre à l'obligation d’investissement dans la production audiovisuelle indépendante, pour garantir au public antillo-guyanais l'égalité d'accès à la connaissance, au savoir et à l'expression plurielle de la création. Avec la diminution de la production publicitaire et des programmes sponsorisés, si aucune ressource nouvelle n’est dégagée, c’est toute la filière audiovisuelle qui serait détruite : producteurs, réalisateurs, comédiens, artistes…
En conclusion, nous pensons qu'il est impératif pour l'équilibre de notre économie locale de maintenir la publicité sur RFO TV, et de garantir aux entreprises locales un accès aux espaces télévisés dans des proportions d'au moins 60%. Cette proportion pouvant être obtenue par l'accroissement de l'audience de la chaîne privée d'une part, et l'ouverture des chaines du Câble, du Satellite, et demain de la TNT, à la publicité locale d'autre part. L'accès de la publicité aux espaces de RFO pourrait ne concerner que les entreprises locales et les productions publicitaires locales, comme l'avait institué à l'époque RFO avec ses écrans Emeraude.
Nous pensons à tout le moins qu'un moratoire de deux ans serait
nécessaire, et permettrait d'évaluer sereinement l'impact de l'économie immatérielle dans la création de valeur locale.
Emmanuel de REYNAL, Mars 2010